Mémoires d’un âne

C’est mon histoire qu’il ne faut raconter à personne.

Je remercie tous ceux qui m’ont fait du mal. Ils m’ont éclairé pour refaire ma vie. Je fouinerai dans mes souvenirs pour oublier les personnes qui m’ont nui tout en essayant de ne pas leur en vouloir. La seule personne à qui je dois en vouloir est moi-même. Mon honnêteté s’est transformée en résignation avec le temps. Et je dédie ces quelques  mots aux autres ânes pour qu’ils ne soient pas très ânes.

Ça me rappelle l’histoire de l’âne. C’est mon histoire. C’est l’histoire d’un âne si con.

Par une chaleur torride du mois d’août un homme se faufilait entre les quelques ombres. Les gens ont deserté les rues, la canicule ayant décrété un couvre feu :

–         Monsieur, Monsieur entendit l’homme.

Il se retourne. Pas  aime qui vive. Et il continua son chemin.

La même voix le rappela :

–        Monsieur, Monsieur

Il se retourna et à sa grande surprise, il ne vit qu’un âne attelé à une charrette de vendeur de javel. L’âne le fixa des yeux avec assurance et lui dit :

–        Oui Monsieur. C’est bien qui vous a interpellé

La frousse aux jambes l’homme avança prudemment vers l’équidé.

–        Que me veux-tu âne ?

–        Ce serait très aimabla à vous de demander à mon maître qui fait actuellement sa sieste d’être un plus tolérant et humain de me libérer  par cette chaleur. Vous voyez bien qu’il n’y a pas de clients.

–        Du fait que tu parles pourquoi ne le demandes-tu par toi-même ?

–        S’il savait que je parles ce serait une autre tâche.

–        Laquelle ?

–        Il m’ordonnera de crier à sa place à longueur de journée : javel javel.

Je ne suis point un sage, ni un philosophe. Cette histoire est la mienne. Je ne suis pas un âne mais je le suis au sens figuré.