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L\’Oriental : La valorisation optimale des ressources humaines

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La valorisation optimale

 

des ressources humaines

L’on conviendra d’emblée que la mise en œuvre de toute politique de développement repose avant tout sur la qualité des ressources humaines mises au service d’une telle entreprise. Concernant la Région de l’Oriental, la situation actuelle, tout comme d’ailleurs pour la plupart des Régions marocaines, se caractérise à la fois par l’insuffisance des cadres et par la rareté des compétences, ressenties, inégalement il est vrai, à tous les niveaux et pratiquement dans tous les domaines de la vie économique et socio-culturelle.

Or, la nature des projets de développement préconisés par le SDAR, d’un côté, et les besoins de mise à niveau multidimensionnelle exigée l’amélioration des conditions de vie et par les impératifs de compétitivité, hâtés par une mondialisation galopante, de l’autre, obligent à mettre les bouchées doubles pour doter la Région des capacités appropriées de gestion, d’administration et de gouvernance, susceptibles de faciliter son intégration dans les nouveaux contextes national et international.

L’ampleur du défi de mise à niveau en matière de ressources humaines nécessite une mobilisation de grande envergure de l’ensemble des institutions de la Région pour lui permettre de travailler, d’arrache-pied, sur plusieurs fronts, en ouvrant l’ensemble des chantiers nécessaires, en vue de former l’élément humain de qualité, indispensable pour sous-tendre le développement socio-économique souhaité.

L’effort doit donc porter sur la totalité de la formation sociale, en englobant l’ensemble des catégories de population, celle-ci pouvant être ventilée en trois grandes composantes : la population scolaire, la population scolarisée et la population non scolarisée.

Pour chacune de ces populations-cibles, existe déjà un système de formation qu’il s’agit d’amplifier, de réadapter et de planifier afin d’en obtenir le rendement optimal :

–    le système d’enseignement et de formation professionnelle pour les catégories scolaires ;
–    les modes de formation continue et de recyclage pour la population scolarisée ayant quitté le système d’enseignement et de formation professionnelle ;
–    les formules d’alphabétisation et de formation pour la population n’ayant pas eu la chance de fréquenter un établissement d’enseignement ou de formation professionnelle.

4.1. un systeme d’enseignement et de formation bien adapte

Ce système a fait dernièrement l’objet d’une importante réforme des textes qui le régissent, touchant tous les niveaux, visant à en améliorer la qualité et le rendement, à la lumière des transformations économiques et sociales connues par le pays et celles qui l’attendent dans le proche avenir.

Toutefois, si ce système d’enseignement et de formation, conçu au niveau national, vise l’égalité des chances pour tous les citoyens marocains, quelles que soient leur province ou leur région de résidence, il n’en reste pas moins que chaque région devrait intégrer, dans ce canevas général, ses propres spécificités pour répondre à ses besoins particuliers, générés par ses caractéristiques géographiques, économiques et socio-culturelles propres. Le particulier ne peut qu’enrichir le général.

L’Oriental représente à cet égard une région assez particulière du fait de son immensité territoriale (83.000 km²), de l’originalité que lui procure sa localisation frontalière (unique région réellement de ce type au Maroc) et de la diversité de ses espaces socioculturels liés à des évolutions historiques et des systèmes économiques spécifiques (Rif, zone d’Oujda-Barkane-Taourirt, Hauts Plateaux pastoraux, oasis sub-sahariennes).

Au delà des principes fondamentaux énoncés par la Charte Nationale d’Education et de Formation, d’un côté, et ceux adoptés par la Réforme de l’Enseignement Supérieur, de l’autre, et qui visent ensemble la réadaptation du système d’éducation et de formation marocain au nouveau contexte économique et social, ce système est appelé à respecter au moins cinq grandes règles de base susceptibles d’en améliorer le rendement : la continuité dans le cursus de formation, le ciblage judicieux et la qualité de cette formation, la lutte contre les déperditions scolaires, l’éradication de l’analphabétisme et, enfin, l’accessibilité intégrale au système d’enseignement et de formation.

4.1.1. La continuité synergique dans le cursus de formation

Il s’agit là d’un objectif fondamental à atteindre, en construisant un édifice de formation homogène et intégré conçu selon une vision d’ensemble, qui préconise un cursus graduel, afin d’éviter les nombreux et divers écueils dus aux ruptures et aux lacunes dont la multiplication, dans tout type d’enseignement, se traduit par une formation atrophiée, pouvant même prendre l’aspect d’une déformation. Cette situation navrante se répercute fâcheusement à la fois sur l’individu ayant subi la (dé)formation, sur sa famille, sur la fonction dont il sera chargé et, donc, sur la société tout entière.

Autant la continuité dans le cursus prépare la majorité des élèves pour les niveaux supérieurs de l’enseignement, autant elle permet d’opérer les orientations et réorientations de manière efficace, en habilitant les élèves ne pouvant poursuivre un enseignement long à intégrer convenablement d’autres filières d’enseignement ou de formation professionnelle plus adaptées à leurs capacités et à leurs moyens.

4.1.2. Le ciblage judicieux de la formation

Le pendant logique du principe de base précédent est que tout système d’enseignement et de formation doit viser l’efficacité avec un haut degré de pragmatisme, puisqu’il va tenir compte et se faire en fonction des tendances lourdes observées dans la société et l’économie nationale et locale, ainsi que des changements en cours qui s’opèrent au plan international.

Autrement dit, intimement connecté aux réalités de la Région, de la Nation et du Monde, le système d’enseignement et de formation (SEF) est appelé à s’inscrire dans une vision prospective, puisque les lauréats qu’il doit former constituent les cadres et les compétences de demain et après-demain. Dans ce sens, le SEF ne saurait nullement être un édifice rigide, mais plutôt un dispositif souple, suffisamment malléable pour épouser les évolutions en cours, mais tout en gardant le cap de la formation de cadres compétents et de citoyens dignement actifs. Dans ce sens, le ciblage de la formation est bien sûr l’emploi, ce dernier ne pouvant aucunement constituer une fin en soi, mais plutôt un moyen, certes vital, et doit être également considéré en tant que vecteur essentiel pour réaliser le développement de l’individu, de la société, de la Région et du pays dans son ensemble.

4.1.3. La qualité de la formation dans la quantité des cadres formés

Si les principes précédents constituent les préalables indispensables pour asseoir un S.E.F. performant, cette performance ne peut réellement être réalisée que si l’on cherche non pas la qualité seule, mais la qualité dans la quantité. Généraliser l’enseignement ne signifie nullement le faire au rabais.

Le S.E.F. ne peut aucunement être considéré comme un mal nécessaire, que tout le monde doit subir, quitte à ce qu’il produise beaucoup de déchets humains. Il ne saurait être qu’un élévateur de choix qui hisse l’individu pour le sortir des ténèbres vers la lumière, et qui le valorise par l’éducation et le savoir pour en faire le facteur  essentiel de développement et de progrès.

Nul doute que la qualité de l’enseignement à dispenser dépend fortement de la nature des cursus, du niveau d’équipement des établissements scolaires et des budgets réservés au fonctionnement du SEF, mais il restera toujours vrai que c’est la qualité de l’enseignant, en tant qu’être humain, éducateur et pédagogue, qui constitue la colonne vertébrale de tout le système.

C’est pour cette raison que l’Oriental, qui doit réaliser sa mise à niveau éducationnelle, dans les conditions requises par les impératifs de compétitivité et d’intégration régionale, doit se doter d’établissements qualifiés pour assurer la formation de formateurs de qualité dans tous les domaines du S.E.F, sachant bien que ce dernier est appelé à se conformer bien sûr aux exigences de l’enseignement général (tronc commun) dispensé au niveau national, tout en intégrant la composante régionale et même sous-régionale ou locale, comme cela a été explicité ci-dessus.

4.1.4. La lutte contre les déperditions scolaires

Les déperditions scolaires constituent l’un des grands points noirs du système d’enseignement marocain et représentent un véritable gâchis de ressources humaines, dont le développement économique et social a grandement besoin. Ce gaspillage, qui affecte les ménages, les ressources publiques et surtout l’individu concerné, rejaillit fortement et très négativement sur l’ensemble de l’évolution de la société en y exacerbant toutes les formes de délinquance, de criminalité, de déchéance sociale et d’échec, et nourrit les dangereux et humiliants flux de l’émigration du désespoir.

Contre ces déperditions scolaires qui se produisent à tous les niveaux du système d’enseignement, il est indispensable d’engager une lutte inconditionnelle par la mise en place de formules d’orientation et de réorientation bien efficientes, établissant un ensemble de liaisons, de canaux et de passerelles entre les différentes filières d’enseignement et de formation professionnelle.

C’est par ce système de filets de sécurité scolaire que l’on pourra opérer le maximum de récupération et de réhabilitation d’individus pour en faire de véritables membres bien intégrés dans l’édifice socio-économique local ou régional et, donc, des citoyens dignes et respectables.

Dans cette perspective, le nœud gordien du système devient l’opération cruciale d’orientation et de réorientation de l’élève et de l’étudiant aux différentes phases de son cursus. Ceci oblige, donc, à procéder à la formation d’orientateurs qualifiés, d’un côté, et de prendre toutes les précautions nécessaires pour mener à bien l’opération d’orientation, de l’autre, celle-ci devant être effectuée en concertation étroite entre les différents partenaires concernés par l’avenir du candidat : l’orientateur, les parents de l’élève et les enseignants, sans oublier le représentant de la collectivité locale et celui du secteur de l’emploi.

4.1.5. L’accessibilité intégrale

L’accès à l’enseignement figure incontestablement parmi les droits fondamentaux du citoyen et représente, de ce fait, l’un des leviers essentiels pour asseoir l’équité sociale et garantir le développement et le progrès durables.

Pour le cas de l’Oriental, l’accessibilité au SEF peut être déclinée en cinq niveaux complémentaires : sociale, économique, infrastructurelle, spatiale et modale.

4.1.5.1. L’accessibilité sociale

Il s’agit là de l’ouverture du système d’enseignement et de formation à toutes les catégories de la société, ce qui est un principe garanti tout aussi bien par la Chariâ que par la Constitution et la Déclaration des Droits de l’Homme. Ce droit qui échoit à l’individu est, du même coup, un devoir qui incombe à la famille, à la collectivité et à l’Etat.

C’est dans ce sens que la généralisation de l’enseignement, énoncée dans la Charte Nationale de l’Education et de la Formation, devient l’une des conditions fondamentale pour faire accéder l’ensemble de la population à la modernité et à la promotion de la Condition Humaine.

Il va sans dire que c’est là un objectif à atteindre aussi tôt que possible, afin de résorber, à terme, le fléau de l’analphabétisme qui représente l’un des obstacles majeurs à toute forme de développement et d’émancipation.

4.1.5.2. L’accessibilité économique

Cela signifie la gratuité de l’enseignement public, ce qui est également un droit garanti. Mais l’application de ce principe est soumise à deux conditions : l’amélioration des revenus des ménages pour leur permettre de faire face aux dépenses occasionnées par une scolarisation prolongée de leurs enfants et, donc, de plus en plus coûteuse, d’un côté, et la promulgation de lois interdisant le travail des enfants et des jeunes adolescents au dessous d’un certain âge (16-17 ans par exemple). Une telle entreprise est de plus en plus envisageable étant donné la réduction continue de la fécondité des ménages, notamment en milieu urbain, et que ce dernier abrite une majorité sans cesse croissante de la population de l’Oriental (autour des 4/5 vers 2025). Autrement dit, la diminution de la charge démographique des ménages est un facteur favorable qui milite en faveur de la généralisation de l’enseignement parmi les couches pauvres de la société.

4.1.5.3. L’accessibilité infrastructurelle

Il va sans dire que l’application des principes précédents ne peut se faire convenablement que si la Région dispose de structures d’accueil suffisamment étoffées, à tous les niveaux du système d’enseignement et de formation, disposant des équipements nécessaires et adéquats pour dispenser les cursus envisagés, dans les conditions les plus favorables possibles.

Toutefois, l’objectif ne peut être atteint que si le SEF s’appuie sur un corps d’enseignants et de formateurs de qualité couvrant l’ensemble des disciplines et des spécialités, bénéficiant de conditions de travail pédagogiques et matérielles convenables.

4.1.5.4. L’accessibilité spatiale

Ce type d’accessibilité constitue souvent une pierre d’achoppement du SEF, dans la mesure où la répartition des établissements d’enseignement et de formation ne s’adapte pas toujours à la répartition de la population à travers l’espace. Cette discordance qui entraîne dans beaucoup de cas des déplacements fatigants, coûteux ou risqués pour les élèves et/ou leurs parents, s’érige en obstacle supplémentaire, et parfois même capital, pour motiver soit la privation des enfants de tout enseignement, soit l’interruption de celui-ci après quelque temps d’essais infructueux.

En effet, les ménages vulnérables sont souvent dissuadés d’envoyer leurs enfants à l’école lointaine, aventure qui occasionne des frais exorbitants, ce qui (dés)oriente l’enfant vers le travail précoce ou vers l’inactivité, voire l’ouverture sur la délinquance ou l’aventure migratoire périlleuse, mais aussi la forte propension à s’adonner aux activités informelles ou illicites fort attrayantes par les gains faciles qu’elles permettent et la non qualification qu’elle admet, certes, mais propices à de multiples formes de déviations.

Ceci est particulièrement vrai pour les jeunes filles, notamment en milieu rural ou périurbain, qui sont les victimes premières du phénomène d’interruption des études, souvent à des niveaux bien bas, ce qui se répercute, entre autres, sur le taux de nuptialité et, donc, de fécondité qui demeurent élevés, sans parler de la persistance du niveau d’éducation bien bas qui caractérise la majorité des mères, et donc des éducatrices de base de la société.

Le problème d’accessibilité spatiale affecte beaucoup plus le monde rural que le monde urbain, notamment dans les zones caractérisées par un habitat dispersé et un relief accidenté. Il se pose en des termes tout à fait particuliers dans les hauts plateaux pastoraux où le mode de vie nomade est souvent incompatible avec un établissement fixe d’enseignement. Les villes n’ignorent pas pour autant un tel problème, notamment dans les quartiers périphériques, souvent déficients en établissements scolaires, ceux-ci n’étant pas toujours localisés près des quartiers d’habitat.

4.1.5.5. L’accessibilité modale

L’environnement socioculturel et physique dans lequel se déroule le processus d’enseignement et de formation dans l’Oriental est particulièrement composite ; ce qui oblige logiquement le SEF à bien s’adapter aux données du milieu pour être efficient et produire les résultats les plus probants.

Autrement dit, le fonctionnement du SEF doit être suffisamment souple pour tenir compte des particularités à la fois régionales et sous-régionales, parfois même locales, et donc moduler son contenu, ses méthodes et ses structures en fonction des besoins de la population qu’il cible.

·    Modulation du contenu

S’il est indispensable que tous les élèves marocains de l’enseignement fondamental reçoivent un enseignement similaire quels que soient leur région et leur milieu de résidence, il n’en est pas moins nécessaire que ces élèves acquièrent des connaissances suffisamment étoffées à propos de ces mêmes régions et milieux où ils vivent. C’est que la formation du citoyen ne peut se contenter de connaissances d’ordre général qui ne soient appuyées par une connaissance intime de son environnement plus ou moins proche dans lequel il devra évoluer, agir et se réaliser.

Ainsi, l’on peut préconiser qu’un tronc commun national puisse représenter quelque 70% du contenu du SEF, au moment où quelque 15% de ce même contenu soient consacrés aux particularités régionales et les 15% restants aux réalités sous-régionales ou locales.

·    Modulation fonctionnelle

La réussite d’un SEF ne peut se faire sans coller aux réalités de la société à laquelle il s’adresse et sans prendre en compte les données du milieu où il opère. Aussi, la modulation du SEF devra se faire également au niveau des horaires et du calendrier d’enseignement tout en tenant compte du mode de vie des populations.

–    Les horaires

L’extension démesurée des villes qui étale indéfiniment le tissu urbain et souvent rejette les établissements scolaires vers les périphéries, à la recherche de terrains publics quelconque (domaniaux, municipaux, habous), d’un côté, et la dispersion ou l’éclatement de l’habitat rural, de l’autre, font que souvent l’élève doit parcourir des distances importantes entre son logement et l’école, trajet à effectuer quatre fois par jour, tout en portant «le fardeau» d’un cartable surgarni. Ce parcours quotidien qui, pour beaucoup, représente une véritable peine, peut être facilement réduit de moitié et grandement soulagé en adoptant l’horaire continu (9h-16h, avec une pause d’une heure pour le déjeuner). Cela suppose bien sûr que l’établissement pourra gérer l’espace et le temps de « la cantine » sur place.

Dans cette perspective, le gain réalisé apparaîtra à plusieurs niveaux : un élève plus attentif et plus motivé, une école qui devient un espace de vie et d’animation, une plus grande sécurité pour les élèves en général et ceux des quartiers urbains périphériques et du milieu rural en particulier, notamment pour les jeunes filles (particulièrement  en période hivernale où les journées sont courtes).

–    Le calendrier

Au sein du calendrier scolaire régional, qu’il faudra aménager pour tenir compte des spécificités de chaque région, ou ensemble de régions apparentées, il est tout à fait possible de retoucher ce même calendrier en fonction des données sous-régionales, notamment dans l’Oriental qui, rappelons-le, est une Région qui équivaut à  la moitié du territoire tunisien et représente huit fois la superficie d’un pays comme le Liban. Ces retouches modulatoires doivent tenir compte des festivités locales (moussems) et des jours de tenue de souk, afin de permettre aux enseignants, aux élèves et à leurs parents de profiter pleinement de ces occasions, sans perturber le déroulement de l’opération d’enseignement.

·    Modulation structurale

Cet aspect a trait à la nature de l’établissement d’enseignement et à son degré d’intégration dans l’environnement socio-économique auquel il appartient. Cela vaut surtout pour le milieu rural et, accessoirement, pour l’espace périurbain.

Pour le cas particulier des populations pastorales de la zone centrale et méridionale de l’Oriental, deux formules semblent  devoir coexister :

–    un établissement scolaire fixe dans les secteurs où le processus de sédentarisation est déjà avancé ou en cours, l’école pouvant être l’un des facteurs de fixation de population ;
–    un établissement scolaire mobile qui suit le groupe d’éleveurs dans leurs déplacements en groupes, parfois sur de longues distances et pour des périodes prolongées, à la recherche des pâturages et de l’eau.

Si en milieu périurbain, l’école doit être proche des quartiers d’habitat, en milieu rural elle devra s’intégrer aussi intimement que possible dans le douar, pour cesser d’être un élément exogène se trouvant au ban de l’agglomération humaine ou dans un no man’s land entre deux ou trois douars, éloignés les uns des autres.

L’intériorisation de l’école au sein du douar en fera non seulement un élément intégré dans la vie quotidienne de la population, enseignants, élèves et parents compris, mais lui permet aussi de devenir un élément intégrant de la vie sociale, dans la mesure où l’espace de répulsion ou d’isolement que l’école représente encore le plus souvent, devient une aire d’attraction où l’on dispense l’éducation aux enfants, la formation continue aux cadres de la collectivité et l’alphabétisation aux adultes ayant été omis ou éjectées précocement par le S.E.F..

Au total, le principe multidimensionnel d’accessibilité vise l’instauration d’un système d’enseignement et de formation de proximité, attentif aux besoins des populations locales, tenant compte de leurs attentes, de leurs caractéristiques propres, de leur environnement et donc de leur aspiration au développement. En un mot, c’est plus le S.E.F. qui doit s’adapter aux réalités du lieu, du milieu et du moment, ainsi qu’aux exigences de l’avenir pour former les cadres et compétences de demain, et non les populations qui doivent se mouler dans un système neutre, uniforme et rigide et, donc, souvent inopérant et répulsif.

4.2. La  formation extra-scolaire

En dehors du SEF qui concerne la population scolaire, à tous les niveaux, la formation doit s’adresser aussi aux différentes catégories de populations non scolaires, qui peuvent être ventilées en deux types : celles qui ont déjà fréquenté l’école ou l’université et que nous désignons par population scolarisée, et celles qui, pour différentes raisons, n’ont pas pu accéder au SEF et que nous nommons ici population non scolarisée.

4.2.1. Formation continue et recyclage

Les cadres et les compétences de tous niveaux qui ont la charge de l’appareil administratif, qui travaillent dans le système productif ou qui appartiennent aux différentes activités de commerce et de service, tant dans le public que dans le privé, sont le produit de systèmes d’enseignement et de formation différents et hétérogènes. Alors que les uns sont issus des divers systèmes successifs ayant opéré ou en vigueur au Maroc (traditionnels, modernes, mixtes, missions étrangères…), d’autres proviennent de systèmes étrangers très hétéroclites dispensés dans les pays d’Europe, d’Amérique, du Moyen Orient et même d’Asie ou d’Afrique.

Cette diversité de systèmes de formation, sans doute enrichissante à certains égards, entraîne la présence d’un amalgame de niveaux de savoir, de savoir-faire et de compétence, appartenant non seulement à des SEF différents mais aussi à des périodes différentes. Le résultat en est l’existence de modes de gestion et de production à la fois dissemblables, inégaux, voire divergents qui fonctionnent à plusieurs vitesses, comportant le plus souvent plusieurs formes de contradiction, de dysfonctionnement et même d’inertie.

Or, la Région de l’Oriental, à l’instar de l’ensemble des autres régions marocaines, est appelée, pour ne pas dire acculée, à opérer des transformations profondes dans l’ensemble de son système de production et de gestion pour pouvoir réussir sa mise à niveau et être en mesure d’affronter, avec succès, les différents défis actuels et ceux qui se profilent déjà à l’avenir  proche.

Dans ce domaine, tout comme dans les autres d’ailleurs, il n’y a plus de temps à donner au temps ; il n’y a que celui qu’il faut décisivement vouer à la formation continue et permanente des cadres, des responsables et de tous les agents de l’administration, de l’industrie, de l’agriculture, de l’artisanat, du transport, de l’urbanisme et de l’habitat, bref de tous les services économiques et socioculturels, tant aux niveaux régional, que provincial et communal, afin d’harmoniser (et non pas d’uniformiser) les approches et méthodes de gestion, de hâter la cadence de développement et d’éviter la marginalisation catastrophique.

Il n’est guère besoin d’insister sur les formules à mettre en œuvre pour opérer cette formation continue, en entretenant le recyclage indispensable, en vue de bien préparer les gestionnaires des affaires publiques aux méthodes modernes de management. Ceci est également vrai pour le secteur privé appelé, de plus en plus, à prendre en charge le système de production et à assurer l’essentiel des services dans la Région.

Pour les uns comme pour les autres, les stages, les séminaires, les journées d’étude, les séances d’initiation, les cycles de formation spécialisés, … sont tout à fait indispensables et doivent devenir une tradition dans les établissements et les entreprises publics et privés.

Il va sans dire que dans cette politique de renouvellement et d’actualisation des connaissances et d’approfondissement des qualifications, l’université et l’établissement scolaire dans toutes leurs composantes, devront jouer un rôle primordial et devenir des lieux de rencontre fructueux entre les chercheurs, les formateurs, les managers, les entrepreneurs, d’un côté, et l’ensemble des cadres et des agents en formation, de l’autre. Diverses formules d’association, de coopération, de partenariat et de projets communs doivent, de plus en plus, lier l’université au monde de la production, de la gestion et du commandement, par le biais de la recherche et de la formation et de la recherche appliquée.

4.2.2. L’éradication de l’analphabétisme

Dès l’indépendance du Maroc, le mouvement national a émis le vœu de mener une lutte sans merci contre le fléau de l’analphabétisme jugé, avec raison, comme le handicap majeur qui entrave le processus de développement du pays. Des actions certes louables, mais intermittentes, désorganisées et ponctuelles, ont été menées dans ce domaine.

Toutefois, près de cinq décennies plus tard, le fléau demeure et s’amplifie, touchant un effectif de personnes aujourd’hui supérieur à celui de toute la population du Maroc au moment de l’indépendance, même si le taux d’analphabétisme a effectivement baissé ! Autant dire que le problème reste entier, sinon plus grave encore en raison de l’obligation impérative dans laquelle se trouve le pays d’adhérer à une économie de plus en plus mondialisée dans laquelle triomphent les sociétés à haut niveau d’éducation, à savoir et à savoir faire confirmés.

Il n’est guère nécessaire de démontrer que l’analphabétisme est le nid du sous-développement, le terrain fertile où foisonnent l’ignorance et la pauvreté, et donc de la sous ou la non consommation des produits et des services de qualité, ce qui n’impulse guère la saine économie de marché, pour favoriser plutôt la prolifération des diverses formes d’économie informelle et de survie ainsi que les déviations sociales les plus perverses.

Dans ces conditions, il s’avère que l’analphabétisme s’oppose au développement et que la réalisation de celui-ci est tributaire en bonne partie de l’éradication rapide de ce fléau social, économique et culturel.

On pourrait en dire autant de la nécessité de plus en plus impérative de s’investir dans les nouvelles méthodes et approches de formation en matière d’éducation, d’information et de communication qui s’imposent aux individus et aux entreprises pour pouvoir accéder aux divers «champs de culture moderne».

La Région de l’Oriental doit se forger donc une stratégie draconienne à même de venir à bout du mal, dans moins d’une décennie. Le tournant décisif de 2010-12, devant faire entrer le Maroc dans la zone de libre-échange, doit constituer une date butoire pour triompher définitivement du chancre de l’analphabétisme.

Afin de mener à bien cette entreprise d’envergure, qui doit  devenir un chantier social prioritaire et un combat de tous les jours, la Région a besoin de mobiliser l’ensemble de ses moyens et mettre à contribution ses diverses compétences, car il en va de son propre avenir. Il faut souligner que les ressources à mettre en œuvre sont pour la plupart disponibles : la masse des diplômés chômeurs, la diversité des volontaires parmi les enseignants et les cadres de l’administration, la panoplie d’associations, de syndicats, de partis, de fondations, d’amicales, de coopératives…, d’un côté, et le formidable réseau d’établissements scolaires et universitaires, de maisons de jeunes, de foyers féminins, de locaux de différentes organisations politiques, sociales ou culturelles, d’usines, d’administrations, de lieux de détention…, de l’autre.

Cette stratégie, qui a besoin de beaucoup de volonté et énormément de souffle, qui met en synergie l’ensemble des composantes du système de production, du dispositif d’éducation et d’enseignement, les corps de métier, les diverses organisations et composantes de la société civile, nécessite évidemment une structure de coordination qui devrait incomber aux Départements de l’Education et de la Formation,  qui auront ainsi à agir de concert avec ceux des Affaires Culturelles et des Affaires Islamiques.

En somme, qu’il s’agisse du système d’enseignement et de formation professionnelle, du dispositif de formation continue ou de la stratégie de lutte contre l’analphabétisme, la Région de l’Oriental a «beaucoup de pain sur la planche», afin de réaliser sa véritable mise à niveau, qui est avant tout à caractère culturel, projet ô combien valorisant et enthousiasmant, dans lequel les lieux de l’éducation, de l’enseignement et de la formation deviennent les véritables sanctuaires de développement et de progrès, induisant ainsi un recentrage de l’école, du collège, du lycée, de l’université dans le corps social et dans le territoire régional.

4.3. Les actions à entreprendre

La situation actuelle du secteur de la formation de la population de l’Oriental est caractérisée par :

–    Un niveau relativement acceptable de la scolarisation,
–    La stagnation de l’effectif des élèves du second cycle de l’enseignement fondamental et du secondaire,
–    La faiblesse de l’enseignement supérieur,
–    La déficience manifeste de la formation professionnelle.

Or, la configuration sociale et économique de l’Oriental au cours des prochaines décennies sera largement conditionnée par la qualité et le nombre de cadres dont elle disposera, qui formeront les entrepreneurs de demain et sur lesquels se fonderont l’essor et la relance économique de la Région.

Dans ce sens, les actions à entreprendre sont :

–    Réorienter la formation supérieure vers les spécialités qui sont en relation avec les secteurs porteurs et d’avenir (tourisme, production industrielle, NTIC, d’articles destinés à l’exportation…)
–    Rendre la formation professionnelle flexible, pouvant réagir rapidement (organisation de cours ad hoc) à l’évolution de la demande de l’économie et aux changements de la société.

4.3.1. Enseignement supérieur

La restructuration de l’appareil universitaire de la Région doit prendre en compte les besoins des populations sous-régionales et locales, mais aussi considérer les « vocations » socio-économiques et culturelles des différents milieux, dans une vision innovante de complémentarité et d’efficacité. C’est dans ce cadre, que les propositions suivantes sont faites :

Oujda :

–    Renforcement de l’appareil universitaire dans les domaines de l’administration, la gestion moderne de haut niveau (management, marketing, informatique, communication…), l’ingénierie et la médecine ;
–    Création d’un centre de recherche et d’enseignement sur les affaires et l’économie du Maghreb ;

Nador :

–    Dotation de la conurbation d’institutions polytechniques et d’une université (dont un embryon vient d’être créé comme cela a été inlassablement réclamé par le SDAR dans ces rapports précédents), avec des formations orientées vers les domaines de l’industrie, du commerce, du management, du marketing, des métiers de la mer, etc ;
–    Création d’un Centre de Recherche et d’Etudes Méditerranéennes (CREM).

Barkane :

Création d’un institut de formation technique dans les domaines de l’agriculture, notamment des filières bien spécialisées:

–    Formation dans le domaine pédologique ;
–    Recherche et formation dans les techniques de sélection des cultures les mieux adaptées aux conditions locales ;
–    Enseignement des techniques d’irrigation et d’économie de l’eau ;
–    Formation dans les techniques de conditionnement et de conservation des produits agricoles ;
–    Formation dans le domaine des techniques d’exploitation de marchés et de commercialisation des produits agricoles et agro-industriels.

Taourirt :

Création d’un institut d’enseignement en matière de transport et autres disciplines qui s’y rattachent.

Aïn Bni Mathar :

Création d’une institution d’enseignement agro-pastoral orientée vers les techniques :

–    d’amélioration du cheptel et de valorisation des produits de l’élevage ;
–    de l’arido-culture ;
–    de protection des parcours et de la steppe.

Figuig :

Création :

–    d’un institut de recherche sur l’architecture des qsour et leur conservation ;
–    d’un institut pour l’étude du patrimoine artistique, artisanal et culturel.

4.3.2. La formation professionnelle

Création d’un partenariat institutionnalisé entre les départements formateurs, le Ministère Chargé de la Formation Professionnelle, la Région, les communes concernées et la société civile et des organismes internationaux, afin de doter les différentes composantes territoriales de l’Oriental des formations professionnelles adéquates tenant compte des particularités économiques et socio-culturelles de chaque espace de projets.

–ASUIVRE —

MédiocreMoyenBienTrès bienExcellent
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2 Comments

  1. Roumayssa
    09/10/2008 at 12:55

    je remercie l’auteur mais prkoi le texte demarre avec le chifre 4 alors fina houwa le debut .. sa signifi copier coller ou koi …??

  2. oujdacity.net
    09/10/2008 at 13:32

    الى الأخت رميساء ان هذه المقالات مقتطفة من دراسة تتعلق بالتصميم التأهيلي ومجالات التنمية بالجهة الشرقية ، وتقوم وجدة سيتي بنشره بكامله مقسم الى فقرات ، وحتى يتسنى لك الأطلاع على فقراته السابقة الرجاء الدخول الى خانة المكتبة بوجدة سيتي ثم الدخول بعد ذلك الى خانة : اقتصاد وجدة وستجدين كل الفقرات السابقة من هذه الدراسة القيمة التي سننشرها بكاملها لاحقا
    Bibliotheque – economie -oujda

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