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L’absence des responsables aux obsèques du professeur du lycée Oued Eddahab

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Zaid Tayeb

La mort de notre collègue Zekri Kamal, survenue pendant l’accomplissement de son travail, étant donné  que la crise dont il a été victime l’a saisi en classe, a suscité de vives émotions aussi bien parmi ses collègue de travail et l’ensemble des élèves du lycée que parmi ses amis et connaissances : une foule immense a été présente aux obsèques et à l’enterrement du défunt qui a eu lieu le dimanche 1° mars, après la prière de l’Asr, au cimetière de Sidi Yahya. Si les enseignants ont perdu un collègue cher à leur cœur, ils ont par la même occasion rompu avec tout sentiment de compassion et de commisération susceptible de leur venir de leurs supérieurs hiérarchiques régionaux siégeant dans leurs bureaux dans les édifices du ministère de l’éduction nationale. Ainsi les fonctionnaires travaillant au lycée Oued Eddahab ainsi que leurs élèves qui ont été fortement secoués par cette rude épreuve sont doublement endeuillés : un deuil naturel engendré par la perte d’un être cher, et un deuil humain dû à l’indifférence générale des responsables en pareilles circonstances. En effet, aucun responsable représentant les services du ministère de l’éducation nationale n’a été présent aux obsèques et à l’enterrement d’un fonctionnaire qui a usé sa santé au service de la profession et qui est mort dans l’indifférence générale de ses supérieurs hiérarchiques régionaux. Si seulement le défunt est mort de vieillesse ou à la suite d’une longue maladie, on aurait compris que leurs sentiments s’étaient émoussés avec le temps et par conséquent on aurait justifié leur silence morbide. Mais le défunt est mort pendant l’exercice de ses fonctions : A 8 heures il était dans sa classe, plein de vie, nourrissant de nobles projets et formulant de beaux vœux comme celui d’aller le jour-même avec la vieille assister aux obsèques d’un oncle maternel dans une ville bien lointaine de celle où il a succombé ; à 11 heures il était un corps froid et rigide allongé sur une table aussi froide et aussi rigide de la morgue de l’hôpital. Aucun représentant du ministère de l’éducation n’est venu honorer par sa présence la mémoire du défunt ni présenter ses condoléances et transmettre celles de ceux qui ne pouvaient pas venir en personne, à ses collègues ,à ses amis, à sa famille, à ses connaissances ; d’ailleurs le défunt lui-même n’a à Oujda qu’une famille réduite dont les membres se comptent sur les doigts d’une seule main, les autres étant éparpillés sur l’ensemble du pays. Pour ces responsables, la mort de ce professeur n’était sûrement qu’un dossier à déplacer de la case des vivants vers la case des morts, et déjà sans doute on se bouscule-comble de la bassesse et de la honte- afin de ne pas considérer le défunt en état d’abandon de poste. Pour les plus entreprenants et les moins scrupuleux d’entre eux, c’était une roue qui a pété : ils se rongent déjà les ongles pour lui trouver un remplaçant.

S’il s’était agi d’une activité avec fête et sono, thé et gâteaux, et prises de paroles, ces responsables cravatés et costumés à quatre sous chez maître Allal, habilleur fripier en balle, se seraient longuement regardés devant une glace pour se donner de la contenance.  Ils se seraient tapoté les joues pour leur donner da la couleur. Ils se seraient envoyé quelque bouffée d’un parfum sans étiquette dans les aisselles pour faire bonne impression avant d’aller à la réception, plein de l’ardeur du coq sur ses ergots. Il leur aurait été aménagé des places d’honneur, devant le micro qui les connaissent et qu’ils connaissent pour avoir ensemble flirté en public pour dire transmettre de longs discours où l’emphatique et le pompeux font le ménage du médiocre avec sa médiocrité. Mais comme il était question de compatir, le cœur gros, la gorge sèche, les yeux humides et le timbre tremblotant, ils ont préféré rester dans leurs bureaux, dans le confort des fauteuils en faux cuir, loin des sentiments forts dont leurs cœurs sont lavés.

Il avait fallu que ce jeudi 7 mars, le secrétaire général du ministère de l’éducation nationale en personne téléphone au directeur du lycée depuis Rabat pour lui présenter ses condoléances et celles du ministère, alors que ceux d’ici sont restés muets eux et leurs téléphones.

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9 Comments

  1. Mhammed Alem
    08/03/2013 at 01:01

    Rahmatou Allah 3ala almaf9oud… qui n’a jamais eu de « supérieurs » autre que le devoir qui l’a tué en plein accomplissement…
    Encore une fois…l’ingratitude administrative ne se porte qu’aux abonnés absents…un jour, le jour du grand départ des « souteneurs » de la cravate moins pendue que la langue…y seront aussi ; au jour du grand départ… pas du simple écran/bureau…

  2. MEZIANE AHMIDA
    08/03/2013 at 14:01

    La légende dit qu’un riche féodal, comme il y en a encore de nos jours et sous nos cieux, assurément sous une autre forme, vit mourir son valet. Les funérailles de ce pauvre malheureux furent grandioses et extrêmement bruyantes: toute la population accompagna le cortège funèbre au cimetière. Le maître reçut les condoléances et les visites dues à la circonstance et écouta avec fierté les oraisons funèbres sensées traduire la douleur et la compassion . C’est du moins ce qui transparaissait de ce grand mouvement de foule et de cet élan de bonté. C’est surtout ce que croyait notre riche féodal, ce qui le plongeait encore dans la satisfaction aveugle de son égo et la croyance en ses illusions.
    Vint le jour du décès de notre féodal : personne, ou presque, n’assista à ses funérailles, même pas son entourage immédiat qui tirait profit et exploitait à outrance la situation. En effet, il ( l’entourage) n’avait plus à témoigner hypocritement sa servilité, sa fidélité et son obséquiosité intéressée à son maître désormais défunt. Le comble de l’opportunisme !!
    Cette histoire, comme la comparaison ( ou l’analogie ) faite par Mr Zaid, me fait penser à certaines funérailles médiatisées et commentées à grandes pompes ( permettez le jeu de mots) sous nos cieux, à l’occasion desquelles l’hypocrisie de certains bat scandaleusement son plein et les larmes de crocodile coulent à flot. Qu’on ne s’y trompe pas : cela n’a rien à voir avec l’aspect religieux de l’événement. Cela me fait penser également à certains décès et/ou à d’autres funérailles qui passent inaperçus, quand bien même les défunts auraient mérité un minimum d’égard. Les plus « chanceux » ont droit à un communiqué laconique lu entre deux annonces publicitaires.
    L’indignation exprimée par Mr Zaid et son reproche bien à propos à l’endroit des responsables qui n’ont pas levé le petit doigt sont énormément justifiés.
    Le commentaire fait par Mr Alem, rappelant l’ingratitude légendaire de l’Administration (j’ajoute celle des organisations politico-syndicales car j’en sais quelque chose) devrait être médité et servir de leçon. MEZIANE AHMIDA

  3. Sbai de Oued el himer
    08/03/2013 at 16:46

    C est pas etrange chez nous l ingratitude administrative.Vaut mieux ses eleves et ses collegues present aux funnerailles que les responsables.Personnellement, j ai assiste aux obseques et a l enterrement du defunt a sidi yahya,je ne suis pas son collegue du lycee ,mais j ai vecu la meme chose avec notre feu directeur lah yrahmou.Au moin je suis conscient de notre sort.D ailleurs il faut s attendre au pire chez nous.Seul allah peut nous recomponser.

  4. رحمه الله
    08/03/2013 at 17:06

    نسال الله له الرحمة و لاهله الصبر و السلوان و انا لله و انا اليه راجعون .اما بخضوض المسؤولين فحصورهم لا يكون الا في التكريمات و امام الكاميرات و لبس ربطات العنق و يغيب عنهم كل احساس انساسي . و يحدثونك عن التواصل و المدرسة المحفزة و المنفرة . انتم لم تكرموا رجلا مات فهانت عليكم روحه الطاهرة .حسبنا اللله و نعم الوكيل

  5. meziane ahmida
    08/03/2013 at 18:36

    La légende dit qu’un riche féodal, comme il y en a encore de nos jours et sous nos cieux, assurément sous une autre forme, vit mourir son valet. Les funérailles de ce pauvre malheureux furent grandioses et extrêmement bruyantes: toute la population accompagna le cortège funèbre au cimetière. Le maître reçut les condoléances et les visites dues à la circonstance et écouta avec fierté les oraisons funèbres sensées traduire la douleur et la compassion. C’est du moins ce qui transparaissait de ce grand mouvement de foule et de cet élan de bonté. C’est surtout ce que croyait notre riche féodal, ce qui le plongeait encore dans la satisfaction aveugle de son égo et la croyance en ses illusions.
    Vint le jour du décès de notre féodal : personne, ou presque, n’assista à ses funérailles, même pas son entourage immédiat qui tirait profit et exploitait à outrance la situation. En effet, il ( l’entourage) n’avait plus à témoigner hypocritement sa servilité, sa fidélité et son obséquiosité intéressée à son maître désormais défunt. Le comble de l’opportunisme !!
    Cette histoire, comme la comparaison ( ou l’analogie ) faite par Mr Zaid, me fait penser à certaines funérailles médiatisées et commentées à grandes pompes ( permettez le jeu de mots) sous nos cieux, à l’occasion desquelles l’hypocrisie de certains bat scandaleusement son plein et les larmes de crocodile coulent à flot. Qu’on ne s’y trompe pas : cela n’a rien à voir avec l’aspect religieux de l’événement. Cela me fait penser également à certains décès et/ou à d’autres funérailles qui passent inaperçus, quand bien même les défunts auraient mérité un minimum d’égard. Les plus « chanceux » ont droit à un communiqué laconique lu entre deux annonces publicitaires.
    L’indignation exprimée par Mr Zaid et son reproche bien à propos à l’endroit des responsables qui n’ont pas levé le petit doigt sont énormément justifiés.
    Le commentaire fait par Mr Alem, rappelant l’ingratitude légendaire de l’Administration (j’ajoute celle, non moins légendaire, des organisations politico-syndicales car j’en sais quelque chose) devrait être médité et servir de leçon, notamment à ceux évoqués par Mr Zaid MEZIANE AHMIDA

  6. UN ENSEIGANT
    10/03/2013 at 03:19

    L’absence de responsables dans les obsèques du défunt rahmatou allah aaleihyi démontre à quel point qu’un fonctionnaire aux yeux de ses supérieurs ne vaut pas une mouche ;cela démontre aussi à quel point que le directeur d’académie et le délégué par intérim d’Oujda NE SONT PAS A LA HAUTEUR DE LEUR RESPONSABILITE .iL N ONT AUCUNE CONSCIENCE DE L IMPORTANCE DU RESPECT DE LA PERSONNE .La meilleure façon de les secouer ,à mon avis ,est d’organiser un sit-in d’un quart d’heure dans la cour du lycée en guise de protestation vis-à -vis des responsables locaux.

  7. ayoub
    10/03/2013 at 21:57

    L’absence des « responsables » aux obsèques de notre collègue disparu n’est pas une surprise. Parce que la grande majorité de ces  » responsables » n’est pas à sa place. Ils ne sont là que grâce à un coup de pouce d’un ami ou d’un membre de la famille plus haut placé.Mais ,ce qui fait plaisir ,même si le mot n’est pas de circonstance,c’est que beaucoup de collègues du défunt,ses élèves,leurs parents étaient présent à ses obsèques.
    Dieu tout Puissant,accueille en ta sainte miséricorde ce soldat mort au champ de bataille contre l’ignorance et le sous-développement.

  8. Mhammed Alem
    13/03/2013 at 01:42

    Si Zaid, que pouvons-nous faire pour la famille de notre défunt ?

  9. un enseignant
    16/03/2013 at 01:49

    En réponse à notre ami Mhammed Alem ,si on ne peut rien faire pour la famille de notre défunt,le directeur académique ou l’un de ses représentants a pour le moins le devoir de reconnaissance ,le devoir moral d ‘assister aux obsèques du défunt car il est mort sur le lieu du travail , en classe.en outre ,cela démontre qu’un enseignant quel que soit son grade ne vaut pas grand’chose aux yeux de l’institution et de ses représentants.L’esprit de citoyenneté fait terriblement défaut dans la quasi-totalité de nos institutions malheureusement.Nous sommes tous condamnés ,en sursis ,à connaître un jour le même sort que le défunt.Comme dit le dicton , »mey hass bel mezwad ghir li mssawat bih »

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