Home»Débats»Mémoire et oubli

Mémoire et oubli

0
Shares
PinterestGoogle+

La  situation actuelle que connait le champ politique  du pays, comme par exemple cette polémique accompagnant le cahier de charge des chaines de télévision, qui peut être considérée comme un prototype de conflits déguisés qui ont toujours nui au pays   et qui ne semblent ni effaçables par la révision constitutionnelle, ni par un simple retour à soi ou une prise de conscience  de ceux qui se sont intronisés à vie et par reproduction génétique  incontournable dans toute équation du Maroc. Cela doit  nous offrir l’occasion d’analyser et  d’essayer de comprendre avec lucidité et d’une manière autocritique ce qui a du se passer pour en être arrivé là et d’entrevoir ce qui nous attend, ce que nous voulons et comment y parvenir. Cela ne saurait se faire sans mémoire.

Logiquement on n’a pas le droit d’oublier si vite et en entier le passé, rappelons-nous du discours historique prononcé par feu S.M. Mohammed V le 9 avril 1947 à Tanger, discours qui a exprimé la volonté de l’ensemble du peuple marocain de se libérer du joug de la civilisation et de la domination culturelle françaises. Un discours dans lequel Sa Majesté avait insisté sur une donnée fondamentale à savoir que le Maroc était une partie intégrale du Monde arabe et du Monde islamique. Cette déclaration avait entraîné le changement du Résident général qui fut remplacé par le Général Juin. C’est en  octobre 1903 date à laquelle la France a fait son entrée au Maroc en installant à Tanger la Mission Scientifique Française qui fut créée par Alfred Le Chatelier et dirigée par Georges Salmon. Un marocain, Taieb Boutbouqalt a consacré sa thèse de doctorat à l’histoire de cette Mission qui est intimement liée à celle de la colonisation. La chose à retenir est que c’est par le biais de la recherche scientifique, par le financement d’études et de revues spécialisées dans les questions touchant à l’Islam et aux affaires du Maghreb, que l’on a préparé le lit d’un colonialisme encore  présent à nos jours sous différents formes. L’idée de l’établissement de cette mission émanait du Gouverneur français en Algérie. Nous ne devons pas donc lire que l’occupation du Maroc a commencé en 1912 – cela est l’aspect formel des choses – mais qu’elle remonte à 1903 par le recours à une recherche scientifique destinée à combattre l’Islam et toutes les valeurs existantes. Soyons conscients du fait que tout ce qui se passe autour de nous dans le monde a une relation étroite avec la culture dans son sens le plus global du terme.

Pouvons-nous oublier tous ces faits et tristes réalités et nous résoudre à dire que sous prétexte de respect de libertés et des minorités, qu’il est des péjoratives du gouvernement marocain de défendre les valeurs et la culture d’une autre civilisation pour nous l’imposer car les noyaux durs culturel et méprisant du colonialisme français ont été transplantés dans le cœur même de la société marocaine.

Il est dangereux pour une société de n’avoir aucune mémoire collective et d’oublier sans gêne ni aucun sens de la responsabilité dans quel ordre son présent s’est constitué, quel a été l’acquis et ce qui a du  juste exister par besoin de compromis à des situations données.

Il est  dangereux aussi pour notre devenir en partage de constater que les mêmes acteurs, de ce passé que l’on a tous envie et  tout intérêt à oublier, qui reviennent dans des situations certes qui différent, mais la tactique reste similaire.

Le devenir parait incertain tant que certains qui agissent en essayant de produire un Maroc tel qu’ils le conçoivent ou le pensent, en ignorant le sentiment profond, le commun culturel et historique et l’environnement social des marocains. Ils ne peuvent le comprendre, ils n’ont du Maroc que les privilèges qu’on leur accorde, l’argent qu’ils ont gagné, ou les relations et liaisons d’affaires qu’ils ont conclues, leurs enfants ont étudié ailleurs et leurs vacances passées ailleurs ; comment admettent-ils donc que l’on devienne tous égaux dans ce pays? Que l’on apprenne à respecter ce que le peuple est, vaut et veut?

Le problème est beaucoup plus important que ce qui a lien à la télévision, le problème est d’ordre existentiel, car c’est plutôt nos valeurs et notre identité culturelle qui semblent subitement être secouées pour être refaites dans la foulée de vent de démocratie qui souffle par ces temps.

Accepter la différence culturelle et ethnique est bien évidemment enrichissante de la pensée humaine,  bilinguisme , trilinguisme, multilinguisme sont des atouts de la connaissance et de la culture, il n’est toutefois pas nécessaire de reproduire la France au Maroc pour y arriver.

MédiocreMoyenBienTrès bienExcellent
Loading...

Aucun commentaire

Commenter l'article

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *