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Le PJD à l’épreuve de l’Equation MRE

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Les élections législatives anticipées de novembre 2011 ont rendu leur verdict et livré leurs indices et leurs enseignements. Dont acte.

Que les choses sérieuses commencent et que la parole et les promesses électorales de circonstances s’effacent donc au bénéfice de l’action  et de l’initiative créatrice.

Et l’espoir renaît de ses cendres

La construction de l’Etat de droit et l’avènement d’un Maroc «moderne   démocratique, prospère et solidaire» est un rêve longtemps caressé par le peuple marocain. Ce peuple fier et digne mérite le respect et les louanges. Alors que le «Printemps Arabe» bat son plein se révélant sanglant et déstructurant, il a choisi de poursuivre sereinement sa marche sur la voie de la démocratie.

Le peuple marocain a gagné ainsi en quiétude et en maturité politique et son rêve d’un Etat de droit respectueux des libertés publiques et de la dignité humaine ne semble plus relever du domaine de l’impossible.

C’est finalement lui le grand et le vrai vainqueur du scrutin du 25 novembre.

Tous les ingrédients sont effet réunis : une Constitution qui fait du respect des droits humains, de la séparation de pouvoirs, de la justice sociale, de la reconnaissance de la diversité culturelle et linguistique son socle principal, un climat serein et un champ politique recomposé et clarifié.

Le Parti de la Justice et du Développement (PJD), sorti victorieux des urnes (107 sièges), a aujourd’hui l’obligation morale et politique de raviver ce socle de principes, de droits et de devoirs, de pacifier un peu plus ce climat, et ainsi réunir et garantir les conditions de cette construction (Etat de droit) qui rendra possible ce rêve collectif (plus de démocratie, de justice et de liberté).

C’est incontestable. Les équations politiques (prospérité et égalité, sécurité et respect des libertés, bonne gouvernance et probité, solidarité et effort) que le PJD, et le future gouvernement qu’il aura formé, devra résoudre, sont nombreuses, complexes et déterminantes pour l’avenir de la nation (Quid de la rupture avec le passé, la lutte contre la corruption, le rajeunissement et le renouvèlement des élites, un essor économique profitable à tous…).

Mais, c’est cela le vrai deal politique contracté le 25 novembre et c’est cela le vrai défi qui mérite d’être relevé durant cette législature.

L’équation MRE : inclusion-exclusion

Cette équation, qui semblait insoluble durant l’ère écoulée et qui a empoisonné les rapports des MRE avec certaines institutions nationales, se pose aujourd’hui au nouveau gouvernement  avec une grande acuité.

C’est indéniable. La détérioration de ces rapports est le fait de la politique d’exclusion et de marginalisation déployée ces dernières années, avec une force inouïe, pour écarter les MRE du champ politique. Cette politique inavouée, agissant en parallèle de politiques publiques ministérielles qui se voulaient inclusives et d’un discours officiel qui se voulait rassurant, a brouillé les cartes et instauré une ambiance détestable de méfiance et de conflit. L’affaire de la « procuration-provocation », qui a déterminé l’absence des MRE des élections législatives du 25 novembre et qui a pesé lourd dans la balance au niveau du taux de participation, n’est finalement que la traduction de cette même politique irresponsable. Le résultat est aujourd’hui éloquent : selon le rapport du CNDH, seules 2 voix par procuration sur 847 bureaux de vote ont été relevées. Constat confirmé par des observateurs étrangers qui précisent qu’aucun vote par procuration n’a été enregistré sur 400 bureaux de vote.

La fable de «l’arroseur arrosé» trouve ici toute sa signification et sa morale.

Aujourd’hui, à l’heure du changement, les MRE caressent l’espoir de tourner définitivement cette triste page d’exclusion et d’humiliation, pour en ouvrir une autre dans laquelle s’inscriraient des réalisations concrètes, fidèles à l’esprit des discours royaux et au texte constitutionnel de juillet 2011. Ils ont l’espoir de voir ce parti (PJD), qui place la lutte contre l’injustice et la gabegie en tête de ses préoccupations, qui a déployé à leur profit au sein même de l’institution parlementaire des positions audacieuses (lors des questions au gouvernement), prendre les mesures les plus décisives pour lever le déni de droit qui les frappe en matière d’exercice des droits civiques.

Tiendra-t-il ses promesses ?

L’échec des « arguments d’exclusion massive »

Rien, absolument rien, ne pourra à l’avenir justifier l’exclusion des MRE du jeu politique et de l’exercice de la citoyenneté. Tous les motifs évoqués par le passé pour vendre cette exclusion se sont révélés sans fondement. Tous les « arguments d’exclusion massive » (5 Millions de MRE) – problèmes techniques, sécuritaires et logistiques, menace islamiste, désintérêt pour la politique-,  déployés contre l’exercice des droits civiques MRE, n’ont pas résisté à l’épreuve des faits : une participation remarquable au référendum constitutionnel, un attachement aux valeurs suprêmes du pays qui n’a jamais fait défaut, un intérêt certain et renouvelé pour la chose publique nationale…

Même les subterfuges grossiers utilisés par des «Snipers», chichement payés, pour discréditer et rabaisser les MRE ou pour déstabiliser leurs ONG, tombent aujourd’hui comme des feuilles mortes en automne et leurs artisans sont nus.

Le futur gouvernement, le PJD en tête, sera donc bien inspiré de rendre justice aux MRE, de rompre avec le discours inclusif de circonstance habituel, pour initier des politiques inclusives audacieuses et efficientes. Cette démarche pragmatique, qui fera de l’inclusion des MRE dans la vie politique un axe stratégique majeur, permettra assurément de sortir les relations des MRE avec les institutions nationales des impasses dans lesquelles elles ont été plongées. Cette démarche générera de la confiance et de la coopération et conduira des compétences MRE nombreuses et disponibles vers une implication beaucoup plus grande, et volontaire,  dans le processus de développement économique, politique et humain de leur pays.

En ravivant les principes constitutionnels (les fameux 4 articles-MRE) d’égalité dans la marocanité et la citoyenneté, en favorisant les lois organiques dont dépend leur réalisation, le prochain gouvernement non seulement il rétablira dans leur droit politique plus 5 millions de MRE, mais encouragera des milliers de compétences MRE à  mettre tous les atouts dont ils disposent au service du pays.

Inclure les MRE dans la vie politique nationale (locale et régionale plus tard) du pays, par les voies les plus démocratiques (le vote et l’éligibilité) est, en effet, un pari gagnant-gagnant. Ce n’est ni un cadeau, ni un geste de complaisance à leur concéder, mais bien un acte de justice et d’égalité que des pays voisins et amis (Tunisie, Egypte) ont admis et concrétisé de belle manière (vote direct et octroi à leurs ressortissants établis à l’étranger des circonscriptions et des sièges). Pourquoi pas notre pays ?

 

Paris le 02 décembre 2011

Docteur Mohammed MRAIZIKA

(Chercheur en Sciences Sociales et en Ingénierie Culturelle)

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