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‘’ Fi bladi dalmouni’’

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Zaid tayeb / oujdacity.net

Il faut être frappés par la cécité et la surdité pour rester indifférents et insensibles aux nombreux appels de détresse des malheureux citoyens adressés aux responsables qui nous gouvernent et entre les mains de qui est placé l’intérêt de la nation et le devenir de ses hommes. Pour être insensibles, il faut avoir des sentiments pervers. Pour avoir de tels sentiments, il faut avoir un cœur mort. Nous ne voulons pas d’apitoiement ni d’attendrissement à l’égard des honnêtes citoyens dont les gouvernants ont fait des réprouvés et des bannis. Nous voulons que le gouvernement réagisse, intervienne, prenne des mesures. Mais rien de cela pour ce qui est de ce gouvernement. Si les responsables avaient des yeux pour voir et des oreilles pour entendre, ils se seraient empressés pour réagir. Mais comme ils sont sourds et aveugles à ce qui se passe tout près, comment voulez-vous qu’ils entendent et voient ce qui est loin.

De puis combien de temps ces professeurs, hommes et femmes, après de longs et loyaux services rendus à l’école, manifestent-ils aux portes des bâtiments du ministère de l’éducation nationale, ou dorment sous ses murs comme des SDF pour revendiquer leur droit légitime de bénéficier du mouvement? Les responsables qui siègent dans ces bâtiments à dedans climatisés et à dehors exposés aux intempéries, entraient dans leurs bureaux ou en sortaient, en faisant quelque détour pour ne pas enjamber les corps des sit inneurs, sans jamais prendre la peine de se demander ce que pouvait bien faire ces hommes et ces femmes si bien faits et qui passaient leurs nuits sous les murs de leur bâtiment.

Il en est de même pour les contractuels qui ont pris l’habitude de suspendre les cours pour aller manifester dans les rues et places publiques. Les années passent et se ressemblent aussi bien pour les professeurs qui se disent victimes du recrutement par contrat, dont les rangs grossissent d’année en année, que pour les enfants et l’école publique qui se trouvent sans le vouloir emportés par les flots des grèves incessantes qui perdurent sans perspective de s’arrêter. Le ministère de l’éducation nationale garde le silence. Il ne réagit pas pour mettre fin à l’envoi de nos enfants dans les rues où ils apprennent la délinquance et l’encanaillement. La dernière année scolaire a été sauvée in extrémis et si le taux de réussite était très élevé, c’est parce que la barre de l’évaluation était placée beaucoup plus que de coûtume.

Il en est de même pour les étudiants en médecine qui ont accroché leurs blouses blanches pendant plusieurs mois de grèves, de manifestations et de sit-in dans l’indifférence totale du ministère de tutelle. L’année scolaire était sur le point de s’achever en une année blanche, quand enfin, le ministère a régi. A l’heure actuelle, les étudiants en médecine sont encore en train de rattraper les derniers modules de l’année dernière au détriment de ceux de l’année en cours.

Il en est de même, à une échelle plus dramatique encore, des candidats à l’émigration clandestine, des ‘’harragas’’, dont les vagues de la Méditerranée et de l’Atlantique rejettent les corps en décomposition et à moitié mangés par les poissons. Les scènes de corps défigurés et méconnaissables de jeunes garçons et de jeunes filles, dans la fleur de l’âge, étendus par dizaines sur le sable de la plage comme pour les baignades des saisons chaudes, de curieux venus les prendre en photos pour immortaliser la catastrophe et la porter aux yeux et aux oreilles des responsables, de leurs parents et proches qui gémissaient et se lamentaient sur des êtres qu’ils venaient de perdre, ne pouvaient laisser insensibles et insouciantes les âmes de ceux qui nous gouvernent et dont Dieu nous a éprouvés. Chacun essaie de reconnaître le corps du proche, l’emporte, l’enterre, dans l’indifférence totale, comme si ces scènes qui se répètent se passaient au-delà de nos frontières. Il n’y a aucune honte à cela. Et rien ne sera entrepris pour retenir les jeunes de recommencer la fuite ou le suicide.

Si les responsables qui nous gouvernent avaient des oreilles pour écouter et des yeux pour voir, ils auraient vu et entendu les chansons si tristes et si déchirantes que les supporters du Raja et du Widad, et d’autres équipes encore, pendants les manifestations sportives nationales et internationales ou en d’autres occasions, chantaient sur le rythme d’un désespoir profond, l’injustice et le mépris qui les ont frappés et dont sont victimes les jeunes qu’ils sont. Qui ne connaît pas cette chanson aux mots si durs et au rythme si mélancolique, chantée en chœur sur les gradins des stades par une jeunesse à la vie ratée ‘’fi bladi dalmouni’’ ? Tout le monde sauf nos responsables.

Quand donc réagiront-ils ?

Zaid tayeb

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