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Un parlement dépareillé

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La nomination d’un membre de l’USFP à la présidence du Parlement est une innovation contraire au processus démocratique dans lequel le Maroc semble s’être engagé depuis le remaniement de la constitution et les échéances de 2011. En effet, la nomination du président de la chambre des représentants doit survenir après la constitution du gouvernement de telle sorte que le président est nécessairement issu de la majorité gouvernementale. Le PJD et le PPS n’ont pas présenté de candidat et ont voté blanc, quant au Parti de l’Istiqlal, il a préféré ne pas voter. En effet, l’issue de la nomination du président de la chambre est connue d’avance en l’absence de la constitution du gouvernement. Ce sont les partis du blocage auxquels s’ajoute le PAM avec ses 102 voix qui ont eu le dessus sur le PJD et ses alliés. C’est pour cette raison que ni le PJD ni le PPS ni le PI n’ont présenté de candidats à cette présidence : l’équilibre des forces ne leur est pas favorable dans une bataille qui, normalement, ne devait pas avoir lieu avant la formation du gouvernement. En effet, la coalition des 4 partis conduits par le RNI de Akhanouch et agrémentés par le PAM, ennemi déclaré du PJD, ont vu leur sourire l’opportunité de constituer le parlement avant le gouvernement. En vérité, ce n’est pas là une opportunité mais une manœuvre menée par les 4 partis en question en vue de forcer la main au PJD qui, acculé à accepter le fait accompli, considéré pour certain comme une défaite, par d’autres comme répondant à l’aspiration du peuple, n’a d’autres alternatives dans de pareilles circonstances que de s’abstenir et de laisser les choses aller comme le veut les partis de la main mise. Conscient de ne pas faire le poids avec 183 sièges (PJD 125 ; PI 46 ; PPS 12) devant une coalition de 205 sièges formée par 5 partis ( PAM 102 ; RNI 37 ; USFP 20 ; MP 27 ; UC 19), Benkirane a préféré ne pas griller inutilement ses cartes.
Ceux qui ont considéré cette manœuvre comme répondant à la volonté du peuple, Mayssa Ennaji entre autres, ont fondé leur argument sur l’ensemble des sièges obtenus par les 5 partis ayant attribué la présidence de la chambre des représentant à l’USFP et non au nombre de sièges obtenus séparément par chaque parti. Nul n’ignore que Mayssa Ennaji parle avec un excès de zèle souvent déraisonné ou mariné dans un parti pris manifeste contre le PJD. Tout ce qu’elle dit, quand il s’agit de ce parti, ressemble beaucoup plus à une diatribe et à un règlement de compte qu’à une analyse argumentée par le bon sens et la raison. Cela se comprend pour ceux qui connaissent le parcours de cette militante à la langue venimeuse(le moyen de communication et non l’organe). Son dernier dérapage a consisté à légitimer la nomination- tout en laissant croire qu’elle la fustige- d’un membre de l’USFP à la présidence du parlement en ayant reconnu dans cette nomination une suite à la volonté du peuple. Selon elle, ces 5 partis ont obtenu 205 sièges alors que le PJD n’a eu que 125. Cela semble vrai à première vue mais il faut considérer chaque parti dans sa singularité et non dans sa coalition avec d’autres, car les électeurs n’ont pas voté, à coup sûr, pour les 5 partis unis mais pour un parti de manière isolé et ont donné au PJD l’avantage sur les autres. Si l’on compare les résultats du scrutin de 2011 avec celui de 2016, on pourra faire remarquer à Mayssa Naji que les 4 partis( RNI, USFP, MP et UC) ont tous régressé et que cette régression n’a pas été fortuite mais qu’elle s’explique par l’impopularité dont ils sont taxées. Leurs voix sont revenues soit au PJD soit au PAM. Bien que le parti du tracteur se soit classé deuxième (102 sièges) après la lampe (125 sièges), il est entré dans une phase d’hibernation et attend d’être sollicité par les partis qui se montrent hostiles au PJD. De parti, le PAM est donc devenu instrument. C’est ce qui est arrivé ce lundi 16 janvier quand les partis du blocage ont fait appel à son concours pour mettre son poids dans la balance afin de parvenir à faire porter sur le podium un parti qui n’a obtenu que 20 sièges.
Il est certain que RNI d’Akhanouch, le MP d’AlAnsar, l’USFP de Lachgar et l’UC de Sajed appuyés par le PAM D’ElOmari qui fait figure d’épouvantail, cherchent à atteler de force l’USFP au gouvernement de coalition, si toutefois Benkirane veut rouvrir la voie au dialogue. Mais peut-on dialoguer avec la bande à 4 après la mascarade de la nomination de l’USFP à la présidence du parlement?
Je crois que Benkirane a entre les mains une carte qui peut tout faire basculer : déclarer son impuissance à former un gouvernement de coalition avec des partis qui le prennent à la gorge. Si les choses vont démocratiquement, le retour aux urnes est inéluctable et la chute du parlement est également inéluctable et avec elle celle du président du parlement ainsi nommé.
Zaid Tayeb

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