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Nous avons porté des familles au parlement

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En votant, nous avons cru accomplir le devoir national de nommer les représentants du peuple à la chambre des députés. Nos représentants, à savoir ceux qui allaient parler en notre nom pour faire porter haut et loin notre voix, afin qu’elle soit entendue et prise en considération. Cela est vrai puisqu’une seule voix s’entend mieux qu’une multitude de voix parlant ensemble dans le  brouhaha d’une foule en délire. Nous avons été honnêtes envers nous-mêmes mais également envers notre partie en ayant fait preuve de citoyenneté, et de la bonne, en ayant répondu à l’appel de la patrie. Ainsi, les élus pour qui nous avons voté et à qui nous avons donné nos voix, nous ont laissés sans voix, aphasiques. Ils nous ont donc dépouillés de notre appareil phonatoire. Nous ne sommes plus bons à présent qu’à être réduits à manger et à dormir si toutefois ils nous laissent quoi manger et où dormir. Manger et dormir. Des besoins de la bête. L’instinct de conservation de l’animal. Cependant, notre sommeil est bénéfique à nos élus. Et notre aphasie aussi car toutes les fois que nous exprimons le désir de parler, il nous est dit de nous taire pour ne pas contribuer à la dissension, à la sédition, à la fitna. Ils craignent la fitna qui viendrait du petit peuple mais non celle qui vient d’eux. Celle qu’ils provoquent chez le petit peuple qu’on écrase, et qui, quand il s’écrie ‘’aïe !’’ on l’accuse de soulever une fitna.

Les électeurs ont accompli leur devoir national en ayant choisi leurs représentants à la première chambre. Les élus, est d’une manière plus simplifiée, ont eux aussi accompli leur devoir familial en ayant choisi leurs héritiers ou leurs accompagnateurs à la même chambre parmi les membres de leurs familles. En effet, certains élus se sont fait accompagner au parlement par leurs enfants, d’autres par leurs frères ou sœurs, d’autres par leurs femmes, alors que d’autres ont préféré céder leur place, par un tour de passe-passe, à leurs épouses, surtout quand ceux-là en ont plusieurs de celles-ci et que celles-ci et ceux-là sont unis par des liens de sang.’’ Je m’en vais ; prends ma place’’. C’est démocratique. En fin de compte, nous avons sans aucun doute bien fait d’avoir contribué de la manière la plus sociale à l’envoi des membres d’une même famille dans une chambre où ils seront en famille, pour y être dans un climat convivial, familier, intime.

Les choses se sont déroulées de la manière que j’ai développée entre les électeurs et les élus, c’est-à-dire que les élus ont grimpé sur le dos des électeurs qui les ont laissés faire, docilement et sans chercher à se cabrer pour les culbuter. Les élus sont arrivés à bon port et sans encombre, qui avec son fils, qui avec sa femme, qui avec son frère ou sa sœur, qui à la place de son époux. Les électeurs sont donc récompensés pour avoir aidé des familles à se retrouver réunies dans la même chambre d’où elles vont légiférer sur les affaires de l’Etat et du citoyen.  Il est certain que dès qu’elles vont se mettre à l’ouvrage, elles vont traiter les problèmes qui demandent urgence et que leurs prédécesseurs ont laissés en suspens malgré les nombreuses manifestations du peuple comme l’abolition des retraites excessives et irraisonnées des élus et des ministres ; la réduction de leurs émoluments et des avantages qui les accompagnent ; l’abolition de l’immunité des ministres et des élus, le contrôle des dépenses des deux chambres ; la révision de la réforme de la caisse des retraites ; le recrutement par contrat…

Ne nous étonnons donc pas si un jour il nous sera dit que tel ministère se trouve entre les mains de  Oulad Rabah, telle mairie entre celles de Oulad Hammou, que Essahli et ses héritiers dirigent telle préfecture, que la chambre des députés est gérée conjointement par Oulda Rahhou et Oulad El Bachir, que la pêche maritime dans la mer et l’océan est une exclusivité de Oulad Lahram… Il vaut sans doute mieux que les choses se passent ainsi pour mieux assurer le partage des postes de responsabilité générateurs de revenus et de privilèges dans le cadre du cercle familial. Cela permettra donc à ces familles de garantir leur bien être, leur prospérité et leur pérennité.
Que les électeurs se réjouissent donc d’avoir contribué à la mise en place d’une partie des serviteurs de l’Etat qui vont bientôt rejoindre ceux en place dans la cité interdite de la route de Zaire bien loin des ‘’fitnataires’’

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