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Serviteurs de l’Etat et Serfs de l’Etat

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A ma connaissance, les serviteurs de l’Etat, les serviteurs de l’église et les serviteurs du prince  n’existaient qu’à une époque lointaine.  Mais  les voilà qui se manifestent chez nous sous la forme de ministres, de leaders politiques, de conseillers du roi et même de personnalités étrangères à notre pays. A moins que ce ne soit là la dernière lignée des serviteurs de l’Etat qui ait subsisté au temps et à un usage révolu. Le citoyen comprend à présent, grâce au scandale de l’octroi à des dignitaires de l’Etat,  des lots de terrains à des prix dérisoires, que le pays  est composé de serviteurs de l’Etat et de serfs de l’Etat. La transaction, conclue à l’intérieur d’un groupe restreint de personnes appartenant à la haute sphère de l’Etat,  en dehors de toutes les procédures légales et dans la discrétion la plus parfaite  a secoué l’opinion publique qui a exprimé sa colère et son indignation. En effet, comment se peut-il que des ministres, des leaders politiques, des conseillers du roi puissent tirer parti de l’autorité que leur confère leur statut pour s’approprier des biens de l’Etat ? Comment des  responsables qui sont censés veiller à l’égalité des chances des citoyens dans l’acquisition des  biens de l’Etat puissent-ils en arriver à faire main basse sur des lots de terrains pour la simple raison qu’ils se considèrent au-dessus de la loi pour la braver et la transgresser ?  Les Serviteurs de l’Etat se partagent les biens de l’Etat comme les voleurs de grand chemin  le produit de leur vol, à la lumière pâle des étoiles de la nuit, loin des regards des honnêtes citoyens, qui dorment, confiants, certains qu’il y a des serviteurs qui veillent sur eux.

C’est une bande de brigands regroupés en un clan, par les affinités qui leur sont communes et qu’ils se partagent sans gêne et sans honte, dans un domaine clos qu’ils se sont approprié au détriment des usages et des lois qui régissent l’Etat de droit où, normalement, tous les citoyens doivent être égaux. Les serviteurs de l’Etat se sont regroupés en une caste, dans une cité qu’ils ont bâtie pour se retrouver dans un milieu propre à l’aristocratie et à la noblesse, même s’ils n’ont les manières ni des premiers ni des seconds, bien à l’écart du petit peuple dont ils sont issus, au dépend de qui ils ont établi leurs fortunes et qu’ils méprisent par leur arrogance et leur défi.

Aux serviteurs de l’Etat, les lots de terrain de grande superficie pour un prix dérisoire de 350 dirhams le m². Pour les serfs de l’Etat, les ghettos des  bidonvilles ou ceux des logements économiques de 50 m² pour le prix de 25 millions. Calcul fait, avec 25 millions, on peut acheter 714 m² au prix de 350 dirhams le mètre carré. L’Etat et ses serviteurs qui ne sont que des ministres au pouvoir, des leaders politiques, des conseillers du roi, lâchent sur le petit peuple les promoteurs immobiliers. Les promoteurs immobiliers mettent le petit peuple entre les griffes des banques. Les premiers vendent, les seconds fiancent, les derniers paient. Quinze ans, vingt ans, vingt cinq ans d’échéances et de misères pour un appartement de 50 ou 60 m²,  qui se terminent le plus souvent dans les tribunaux, et par l’expropriation. Voilà le lot du petit peuple.

Les serviteurs de l’Etat constituent la caste, l’élite ; le petit peuple, les serfs,  les intouchables. Voilà donc le pays divisé en classes sociales comme au temps du féodalisme.

D’un autre côté, qui des serviteurs de l’Etat ou du petit peuple sont les auteurs des putschs, des coups d’état et des complots contre le pouvoir en place ou le régime? Il me semble que les complots sont le plus souvent fomentés par les serviteurs de l’Etat. Pour cela, nous n’avons qu’à considérer le coup d’état manqué de Turquie et les coups d’état qui sont monnaie courante dans les pays d’Afrique noire. Quand un peuple s’engage dans une révolution contre le pouvoir en place et par conséquent contre les serviteurs de l’Etat et que cette révolution aboutit à l’effondrement du système en place, ce sont les Serviteurs de l’Etat qui prennent les rennes du pouvoir bien que la révolution ait revêtu un caractère populaire. Jamais les révolutions n’ont profité au petit peuple. Qu’est-ce que les peuples de Lybie, d’Egypte, d’Irak, du Yémen, de Tunisie ont gagné après la révolution qu’ils ont menée contre les dictatures qui les avaient asservies ? Les coups d’état, les putschs, les révolutions populaires profitent toujours aux serviteurs de l’Etat.

En conclusion, ‘’Le peuple est las, il veut sa part’’ a dit Zola dans ‘’ Le ventre de Paris’’. Le peuple veut vivre dans la dignité dont il a été spolié.

tayeb zaid

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3 Comments

  1. B.M
    01/08/2016 at 19:59

    cette pratique ne date pas d’hier dans notre pays, tous ceux qui mettaient la main à la pâte avaient leur part du gâteau. c’est une forme de bonus qui leur est octroyée. c’est le système…

  2. DR IDRISSI MY AHMED
    03/08/2016 at 00:37

    Un véritable punch ,tiré avec courage et franchise .

  3. citoyen lésé dans son amour propre
    11/08/2016 at 13:34

    ces privilèges octroyés aux dits serviteurs ne date pas d’hier:ils ont accumulés des fortunes colossales au su et au vu de tout le monde et avec la bénédiction du palais royal:pire encore on ne cesse pas de distribuer ces bonus par ci et par là et indiscrètement …..

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