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L’ethnocentrisme de Mohammed Khair-Eddine dans :Il était une fois un vieux couple heureux

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A la lecture de ‘’Il était une fois un vieux couple heureux’’ de Mohammed Khair-Eddine, le lecteur ne peut s’empêcher de relever chez lui un certain ethnocentrisme  qui empreint son discours fondé sue la valorisation des Berbères et l’incrimination des Arabes à qui il fait porter le lourd tribut de la déchéance dans laquelle est tombée la société berbère et la décadence de la civilisation arabe et en particulier celle des dynasties des Almoravides et des Almohades. Le choix de ces deux dynasties parmi tans d’autres qui ont régné sur le Maroc n’est pas  arbitraire : en effet les deux dynasties qu’il cite en exemple ont un cachet plutôt berbère. Mohammed Khair-Eddine affiche de manière qui ne laisse pas de doute son attachement aux Berbères dont il se réclame. Là n’est pas le problème. Le problème est qu’il affiche de manière ostentatoire son hostilité aux Arabes.

‘’Hélas ! depuis 1492, les Arabes reculent. Ils vivent toujours dans un passé mythique. Mais où sont donc passés les Almoravides, les Almohades, ces grands ancêtres ? Ibn Khaldoun l’a bien dit :’’Ida ouribat khouribat, wa ida khouribat lam touskan *.‘’Ibn Khaldoun ? Un grand déçu de l’histoire. Il a  vécu la chute des Arabes, lui. Il en a souffert plus que tout autre.’’ Page 53**

Il faut noter que Ibn Khaldoun a vécu entre 1332 et1406,  que la date (1492) dont parle l’auteur, et qui selon lui marque le début de la décadence des Arabes est celle de la chute de ‘’Grenade’’ qui est postérieure à Ibn Khaldoun ; Quant aux dynasties des Almoravides et des Almohades  qui ont régné sur le Maroc tout au long des XI, XII et XIII siècles, elles lui sont bien antérieures. Ibn Khaldoun n’a donc vécu ni sous le règne des Almoravides ni sous celui des Almohades, comme il n’a pas vécu non plus la chute de Grenade. Mohammed Khair-Eddine n’a nullement regretté la chute de la dynastie des Umayyades ni celle des Abbassides, dont nul n’ignore la puissance et la grandeur .

Nous voyons donc comment Mohammed Khair-Eddine a tiré parti à son profit d’une citation de Ibn Khaldoun  pour justifier sa diatribe contre les Arabes qu’il accuse d’être les responsables de la décadence de toute une civilisation, d’être la cause de sa ruine.

Pour ce qui est de la responsabilité de la dépravation des Berbères par les Arabes, Mohammed Khair-Eddine dit à la page 47** :‘’Hé ! C’est qu’on s’enrichit vite en vendant du vin et des alcools aux Arabes. Les Arabes boivent beaucoup plus que tous les autres. Ils engloutissent toutes leurs économies dans la boisson. Ils font des stocks chez eux pour passer le ramadan ou les fêtes religieuses… Un Arabe boit pour fuir la réalité. Il se drogue et il boit. Depuis peu, les Chleuhs suivent la même pente.’’

Cette assertion comporte une triple accusation à l’adresse des Arabes. D’abord, il dit d’eux qu’ils boivent de manière excessive plus que tous les autres. Ensuite, ils boivent de l’alcool pendant le mois du jeûne. Le crime est donc multiple ; péchés capitaux que condamne la religion : boire de l’alcool, le boire pendant un mois sacré, et ne pas jeûner pendant le ramadan.

Mohammed Khair-Eddine accuse les Arabes nommément et explicitement en les attaquant dans leur religion et par conséquent dans leur foi.

Enfin, il considère que les Chleuhs sont les martyrs des agissements des Arabes qui sont, selon lui, les inspirateurs et les Berbères les suiveurs. Les premiers sont les coupables et les seconds les victimes.

En conclusion, Mohammed Khair-Eddine mène une campagne des plus farouches contre les Arabes, source des malheurs des Berbères et de la chute des dynasties berbéro musulmanes. Il affiche clairement son hostilité aux Arabes et à ce qui est arabe.

Voilà donc les valeurs que véhicule le roman ‘’Il était une fois un vieux couple heureux’’, de Mohammed Khair-Eddine, que les professeurs de français doivent enseigner aux élèves des classes du baccalauréat marocain.

A une époque où l’on prêche la tolérance, Mohammed Khair-Eddine professe le sectarisme.

 

*’’Quand une maison ou une nation est arabisée, elle se délabre, et quand elle se délabre, elle n’est pas habitable’’ (traduction de Mohammed Khair-Eddine)

** Les pages renvoient à l’édition ’’Librairie Al-Ouma’’

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13 Comments

  1. samir Achergui
    26/02/2009 at 14:34

    je prend parti de le principe que vous fondez mais vous avez fait une chute accidentelle en utilisant le mot « berbères » qui était une conception évoquéé par le régime colonial francais pour déclencher la séparation et l conflit entre les tribus.a mon avis il était souhaitable d’employer le terme »amazigh » pour une certaine objectivité .

  2. BEN MESSAOUD Slimane
    27/02/2009 at 14:01

    Le livre que prétend analyser Monsieur Zaid est un roman, un récit frictionnel qui donne libre cour à l’imagination. Notre romancier, en écrivant, ne livre pas un point de vue objectif sur un sujet précis ni s’attache à défendre une quelconque position politique ou autre. Ce sont les personnages qui parlent, gesticulent, crient, rient, pensent, insultent, émettent des avis sur tout et n’importe quoi; en un mot ils vivent. Ils n’ont pas la prétention de se substituer au romancier car ce n’est point leur rôle. Ici j’exprime une évidence littéraire, une idée simple : nous sommes en présence d’une fiction.

  3. zaid Tayeb
    27/02/2009 at 14:01

    Monsieur Achergui Samir:J’ai employé le mot ‘’Berbère’’ comme j’aurais employé ‘’Amazigh’’ ou ‘’Chleuh’’.Khair-Eddine lui-même emploie le mot ‘’Berbère’’ comme nom à la page 29 :’’On dressait le Berbère contre l’Arabe’’, puis comme adjectif à la page 49 :’’Ces poésies berbères qu’on lirait peut-être un jour étaient son unique plaisir. Mais qui s’occupait de la poésie berbère ?’’. Il emploie le mot Chleuh à la page 47 :’’Les Chleuhs suivent la même pente’’
    Je crois que je n’ai fait aucune chute, ni accidentelle, ni volontaire : je suis toujours debout sur mes deux pieds.
    Merci bien pour cette remarque, preuve que vous avez lu mon article.

  4. samir
    27/02/2009 at 14:01

    rectification:: du principe

  5. zaid Tayeb
    02/03/2009 at 00:19

    Monsieur Ben Messaoud Slimane:Vous dites vrai quand vous affirmez que ce ne sont que des personnages de fiction. Ce sont des personnages de fiction, non de rêve, faut-il en convenir. Les marionnettes sont elles aussi des personnages de chiffon, mais la marionnettiste qui les fait mouvoir et parler est une personne, physique et réelle. Le lion, l’agneau, le renard, le corbeau, le loup, la fourmi, le grillon…ce sont des animaux de la forêt quand ils sont en forêt, mais quand ils entrent dans un livre, ils deviennent des personnages derrière lesquels il y a un fabuliste, jean de la Fontaine. Les marionnettes et les animaux disent ce que leur fait dire le marionnettiste et le fabuliste. Le personnage d’un roman ne dit que ce que lui fait dire l’auteur. Ce que dit un personnage de fiction, surtout quand il est le héros comme c’est le cas de Bouchaïb, est dit par l’auteur.
    Vous seriez bien gentil de remplacer le mot »prétend » par un autre mot moins marqué d’agressivité. ce n’est pas une analyse, c’est n constat.

  6. zaid Tayeb
    02/03/2009 at 00:19

    Vous dites vrai quand vous affirmez que ce ne sont que des personnages de fiction. Ce sont des personnages de fiction, non de rêve, faut-il en convenir. Les marionnettes sont elles aussi des personnages de chiffon, mais la marionnettiste qui les fait mouvoir et parler est une personne, physique et réelle. Le lion, l’agneau, le renard, le corbeau, le loup, la fourmi, le grillon…ce sont des animaux de la forêt quand ils sont en forêt, mais quand ils entrent dans un livre, ils deviennent des personnages derrière lesquels il y a un fabuliste, jean de la Fontaine. Les marionnettes et les animaux disent ce que leur fait dire le marionnettiste et le fabuliste. Le personnage d’un roman ne dit que ce que lui fait dire l’auteur. Ce que dit un personnage de fiction, surtout quand il est le héros comme c’est le cas de Bouchaïb, est dit par l’auteur.

  7. nouri
    09/03/2009 at 00:05

    je partage l’idee de notre grand romancier et ecrivant marocain mohamed khair eddine; dont il a parlé sur la degradation de notre valeurs musilmans berberres .comme il a insiste sur la valorisation des berbers et l’icrimination des arabes a cause de leur decheance .vraiment c’est un roman lequel essaye de nous reveiller st de nous rappeller notre origine valeurs

  8. salah
    11/04/2009 at 23:36

    7bbina loukan diroulina l’analyse du roman pour aider les bacheliers de mieu comprendre cette roman

  9. sousou
    23/03/2011 at 21:26

    had chi moufid merci beaucoup

  10. Anonyme
    24/02/2012 at 17:43

    je veux une petite resume sur l’amzighite dans cette oeuvre si c’est possible

  11. Anonyme
    26/12/2012 at 23:30

    c mieux

  12. Mohammed JIHAD
    10/05/2014 at 03:48

    Il était une fois un vieux couple heureux est un roman d’apaisement.L’écrivain après avoir coulé beaucoup d’encre sur des thèmes de révolte,de souffrance et d’exil raconte une histoire inspirée de la culture populaire d’un village berbère, celle de deux personnage Bouchaib et sa femme.Un couple vieux qui vit dans le calme, la modestie et l’amour. Ckair Edinne est indépendant de toute idéologie.Il décrit ce qu’il croit,ce qu’il voit et ce qu’il imagine.La cause Amazigh est fort présente dans les écrits de l’écrivain.Personne ne peut pas nier la marginalisation politique du peuple berbère. Et, en tant qu’un intellectuel, il a le droit de défendre son appartenance, son identité et sa langue..C’est un talentueux qui mérite d’être connu d’avantage sachant que c’est rare qu’on parle de lui au Maroc.Il est politiquement rejeté.Mais,il reste pour nous et pour tout Amazigh et tout Homme libre non seulement un écrivain, mais un grand penseur qui a contribué à la libération de son pays au moyen de l’écriture comme suite à la résistance militaire de Moha Ohmou Ziani, Assou Oubaslam et M.Ben abdelkrim Alckatabi..

  13. MIJAL RAMSES
    28/11/2021 at 08:29

    Mes remerciements auteur de cet article. Nous assistons à une idée qui revient sans cesse en critique lors de la réception interprétative de sens idéologique ou sens ethnique rien que des mots d’un roman/récit. La voix off de l’auteur n’est jamais son opinion. Et partant de l’œuvre complète de KHAIR-EDDINE, il ne saurait même songer à révéler son opinion vis-à-vis de l’arabe comme source de malheur du berbère, ou traduire son souci identitaire à une dévalorisation du premier en faveur de la valorisation du deuxième. L’auteur, intellectuel qu’il est, utilisait souvent les Arabes dans le sens historique du terme (pendant la Jahiliya et au début de l’ère islamique) on se souvient que les arabes buvaient à flots!
    Que l’auteur se moque des arabes du pays ou immigrés, ou qu’il les décrive rudement, c’est une option qui pourrait s’attacher à sa connaissance du nombre des bars au Maroc, cabarets, hôtels, boites de nuit … centrés dans les grandes villes depuis la colonisation jusqu’à nos jours! D’ailleurs dans le romans, il nous explique comment la richesse est distribuée en conséquence…

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