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Entretien avec Jean-Marie Collombon, du FITS
Pour Jean-Marie Collombon, expert et coordinateur général du Fonds international du tourisme solidaire (FITS), le développement touristique peut rimer avec écologie. C’est une question de choix.

· L’Economiste : Quelle est votre appréciation du potentiel touristique de la région de l’Oriental ?
– Jean-Marie Collombon : L’Oriental a les moyens de devenir une grande destination touristique. Il faut seulement valoriser ses potentialités. Et c’est maintenant ou jamais. Selon les projections de l’Organisation mondiale du tourisme, en 2025 le littoral méditerranéen accueillira 312 millions touristes sur les 400 millions de personnes qui visiteront les pays riverains.
La plupart multiplient donc les investissements dans la niche « plage et soleil ». Si cela permet d’améliorer les infrastructures, de drainer des devises et de créer des emplois, ce tourisme de masse est aussi générateur de dysfonctionnements sérieux qu’il est essentiel de prendre dès maintenant en compte.

· Comment cela ?
– Les principaux dysfonctionnements concernent l’environnement, l’intégration régionale, la concentration spatiale des projets. C’est le cas, à mon avis, de la station balnéaire de Saïdia, qui est fortement consommatrice de ressources naturelles et d’eau notamment. Un problème crucial dans une région déjà en situation de stress hydrique.
Par ailleurs, ce type de station marginalise les populations locales et crée une barrière entre elles et les adeptes de ce type de loisirs.
Il faut savoir aussi que le modèle du tourisme de masse n’est pas durable. Et s’il n’est plus possible de modifier un projet comme celui Saïdia, il est encore possible de le réajuster pour rééquilibrer le développement touristique régional. C’est simplement une question de choix.

· De quelle manière?
– En développant des niches axées sur un tourisme plus solidaire et responsable. C’est-à-dire qui tienne compte du patrimoine géographique et qui implique les populations locales.

· Quels conseils pourriez-vous donner?
– Ainsi, la région de l’Oriental a intérêt à mieux préparer la population à l’accueil touristique afin de maximiser les retombées du tourisme balnéaire sur son arrière–pays. La mise en place d’un programme de sensibilisation et de formation touchant toutes les catégories (hôteliers, restaurateurs, commerçants, polices, écoles, élus, associations…..) serait utile. La formation est aussi un volet à ne pas négliger.
Par ailleurs, il faut diversifier l’offre touristique et ne pas miser que sur le balnéaire. Il faut penser à des niches comme l’écotourisme, le tourisme rural, etc. Il y a une forte clientèle pour ce type de produit à condition que les infrastructures suivent.

Propos recueillis par M. Z.

L4ECONOMISTE